Un parcours pour les couples : Elle et Lui

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Homélie du cardinal lors de la veillée pour la vie


Serviteurs joyeux et convaincus de l’Evangile de la vie !

Homélie de la veillée de prière pour la Vie
Cathédrale Saint-André - Mercredi 26 mai 2010

Chers frères et sœurs,

Vivre une veillée de prière, c’est par excellence vivre un temps de contemplation, d’action de grâce et d’intercession. Notre soirée n’est pas un meeting mais une démarche devant Dieu, vers Dieu et pour Dieu. En effet, l’Evangile de la vie qui nous réunit ce soir n’est ni un programme, ni une idéologie, mais une personne, le Christ. Dans son encyclique L’Evangile de la vie le pape Jean-Paul II l’affirme clairement : « L’Evangile de la vie n’est pas une simple réflexion, même originale et profonde, sur la vie humaine ; ce n’est pas non plus seulement un commandement destiné à alerter la conscience et à susciter d’importants changements dans la société…L’Evangile de la vie est une réalité concrète et personnelle, car il consiste à annoncer la personne même de Jésus. » (n° 29).

Contemplons ce soir Jésus, le Fils bien-aimé du Père. Il nous révèle ce que nous sommes dans le dessein de Dieu. En lui, nous avons été créés, sauvés, appelés à entrer gratuitement dans la communion du Père, comme des fils et des filles bien aimés. Pour réaliser cela, Lui qui est « la Vie » (Jn 14, 6), il nous communique sa vie. « Moi je suis venu, dit Jésus, pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10, 10). En Jésus nous découvrons que la vie humaine dans sa plénitude est un don de Dieu, est une expression de sa bénédiction. En Lui, nous découvrons également, que Dieu n’est pas seulement à l’origine de notre vie mais qu’il en est aussi le terme. Nous sommes faits pour la vie éternelle. C’est ce qui faisait dire à Saint Irénée : « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu. » (Contre les Hérésies, IV, 20, 7). C’est ce don de la vie et cette élection par Dieu qui font que chaque être est unique, original, singulier aux yeux de Dieu. Dieu n’a-t-il pas gravé le nom de chacun sur les paumes de ses mains, selon la belle image du prophète Isaïe ? C’est cette unicité qui fonde l’éminente dignité de toute personne humaine. Jean-Paul II disait : « L’Evangile de l’amour de Dieu pour l’homme, l’Evangile de la dignité de la personne et l’Evangile de la vie sont un Evangile unique et indivisible. » (Idem, n° 2).

Dans l’évangile de la visitation que nous venons d’entendre nous voyons la rencontre de deux femmes, deux femmes enceintes. Les enfants qu’elles portent sont bien leur enfant. Pourtant l’un et l’autre sont des dons de Dieu et pas seulement parce qu’il s’agit de personnages d’exception, Jean-Baptiste et Jésus, mais parce que mystérieusement toute vie a sa source dans l’amour prévenant de Dieu. Elle requiert dès son origine l’action créatrice de Dieu.

Frères et sœurs, sachons, chacun, rendre grâce à Dieu pour le don de notre vie, pour celle de nos proches, pour celle des hommes, des femmes, des enfants qui sont nos compagnons de route. Merci, Seigneur, pour ta création, pour ton appel, pour ton amour, pour le Royaume que tu promets. Avec Marie, nous pouvons dire : « Mon âme exalte le Seigneur. Exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur. ».

Contempler le Christ dans l’Evangile, c’est aussi découvrir sa sollicitude pour tous ceux et celles qu’il rencontre, sa tendresse pour ceux dont la vie quotidienne semble contredire cette bénédiction de Dieu attachée à la vie : les foules qui ont faim, tous ceux qui souffrent dans leur corps, dans leur esprit ou dans leur cœur, les malades, les possédés, ces exclus que sont les lépreux, les prostituées ou les publicains. Jésus a une attention particulière pour ceux qui sont faibles ou fragiles : les enfants, les veuves, les pauvres, tous ceux qui sont sans défense. Le Christ invite ses disciples à venir à sa suite, à donner visage à son amour pour tous les hommes, à être les témoins et les serviteurs de son Evangile de vie. Il nous faut « prendre soin de toute la vie et de la vie de tous. » (Idem, n°87). Il nous faut promouvoir et défendre la vie humaine dans toutes ses dimensions, sans faire une sélection dans les causes, en fonction de nos opinions politiques ou idéologiques.

Servir l’Evangile de la vie implique qu’on vienne en aide aux populations qui sont sous-alimentées, qu’on mobilise les moyens nécessaires à lutter contre les épidémies et qu’on permette à chacun de pouvoir se soigner. L’appui à un développement solidaire reste aujourd’hui d’une brûlante actualité. La dernière encyclique du pape Benoît XVI « Caritas in Veritate » l’a récemment rappelé. La mobilisation pour la vie implique un engagement résolu dans le respect de notre environnement naturel et dans la sauvegarde du monde que nous allons laisser aux générations qui viennent. Mais le service de l’Evangile de la vie implique aussi une attention à l’écologie humaine, à la façon dont l’homme traite l’être humain et en particulier dans ses formes les plus fragiles et les plus dépendantes, que ce soit la personne handicapée, l’homme ou la femme en fin de vie, ou encore l’embryon. Le pape Benoît XVI écrit : « Si le droit à la vie et à la mort naturelle n’est pas respecté, si la conception, la gestation et la naissance de l’homme sont rendues artificielles, si des embryons humains sont sacrifiés pour la recherche, la conscience commune finit par perdre le concept d’écologie humaine, et avec lui, celui d’écologie environnementale. Exiger des nouvelles générations le respect du milieu naturel devient une contradiction, quand l’éducation et les lois ne les aident pas à se respecter elles-mêmes….Les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation aux autres, et le pape ajoute ces paroles très fortes : On ne peut exiger les uns et piétiner les autres. » (Caritas in Veritate, n° 51).

Servir l’Evangile de la vie nous demande de rester vigilants pour défendre les droits de la personne humaine, de tout faire pour venir en aide à la personne en fin de vie, pour aider celle qui découvre avec angoisse qu’elle est enceinte, pour se sentir solidaires de ces parents qui ont fait le choix de garder leur enfant malgré la détection d’une malformation. Nous prierons ce soir le Seigneur pour tous ceux qui sont confrontés à ces situations, pour le personnel soignant, les familles, les communautés chrétiennes, pour ceux qui dans notre pays ont la responsabilité de voter les lois touchant la bioéthique, la famille, la vie sociale et la solidarité internationale. Prions tout particulièrement pour les familles qui ont besoin d’être soutenues socialement, économiquement et culturellement dans leur vocation à être des « sanctuaires de la vie » (Jean-Paul II : l’Evangile de la vie, n°94).

Comme la Vierge Marie qui se rendait en hâte vers une ville de la montagne de Judée pour aider sa vieille cousine Elisabeth qui était enceinte, que la prière de ce soir nous mobilise et nous engage. Que le Seigneur fasse de nous les serviteurs joyeux et convaincus de l’Evangile de la vie ! Amen.

+ Jean-Pierre cardinal RICARD
Archevêque de Bordeaux