Disons oui à la vie L'éditorial de Mgr Laurent Dognin dans l'Aquitaine




La semaine dernière a eu lieu en présence du pape à Milan la VIIème rencontre mondiale des familles. Comme le pape l’annonçait lui-même, cette rencontre  « constitue une occasion privilégiée de repenser le travail et la fête dans la perspective d’une famille unie et ouverte à la vie, bien insérée dans la société et dans l'Église, attentive à la qualité des relations ainsi qu’à l’économie de la cellule familiale elle-même ». A cette occasion, nous avons organisé dans la cathédrale de Bordeaux une veillée de prière pour la vie.


Cet événement par lequel l'Église veut soutenir, promouvoir et fêter la famille a lieu dans un contexte particulier en France après des mois de campagne électorale où les candidats ont défendu des points de vue très contrastés sur l’avenir du couple, du mariage, de la famille. L’institution du mariage est de plus en plus mise au pluriel. On parle « des mariages » pour évoquer toutes les formes de vie commune. Les enfants ne sont pas en reste avec les projets de diverses formes d’adoption.

Comme chrétiens, nous sommes bien obligés de constater que, d’années en années, l’opinion publique et, par voie de conséquence les lois de la République concernant les modes de vie des français, s’écartent de plus en plus de ce que le Seigneur nous a révélé. Les nouvelles conceptions de la famille s’ajoutent à tout ce qui concerne le respect de la vie humaine qui était déjà mis à mal depuis des décennies.
Quand nous parlons du respect de la vie, nous pensons bien sûr au respect de la dignité humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, que ce soit dans la vie conjugale, familiale, mais également dans la médecine et la recherche.

Nous pensons à la cellule familiale fondée sur un homme et une femme qui se donnent l’un à l’autre pour devenir « une seule chair » comme nous le rappelle Jésus : « l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! 1». Nous savons à quel point la famille est un lieu de fécondité et d’amour où les enfants doivent trouver  les conditions de leur épanouissement humain et spirituel.

Nous pensons également au respect de l’être humain dans ses conditions de vie, de travail, de logement. Comme Jésus le dit avec force : « j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! (…) Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.2 »

Nous pensons enfin au respect de l’environnement comme nous y invite le pape Benoît XVI dans son encyclique Caritas in Veritate quand il évoque l’environnement naturel « qui a été donné à tous par Dieu et [dont l’] usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière.3 »

Dire oui à la vie, c’est dire oui à tout cela. C’est cette vie là que nous voulons promouvoir car nous croyons qu’elle est dans le dessein de Dieu et qu’elle conduit au vrai bonheur de l’homme, celui de vivre en communion avec Dieu.

Comment peut-on réagir face à ce fossé qui se creuse inexorablement entre ce que le Seigneur nous révèle et notre vie sociale ?
- D’abord il nous faut être fidèle et continuer à grandir en sainteté. Si nous reprochons à la société de s’écarter de l’Évangile, il faut bien reconnaître aussi que nous avons besoin nous-mêmes de nous convertir pour que nous soyons fidèles à l’Évangile. Si nous disons oui à la vie, notre existence, celle de notre couple, de notre famille, sera un témoignage pour les hommes de ce temps. L’opinion publique passe aussi par nous, notre manière d’être.
- Dire oui à la vie, c’est annoncer la Bonne Nouvelle. Comme nous le dit saint Pierre « soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect… 4»
- Dire oui à la vie, c’est aussi nous engager comme nous y invitait le bienheureux pape Jean-Paul II : « …les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir à l’action multiforme,  économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun5 ». S’engager notamment dans des associations qui promeuvent « l’Évangile de la vie », mais aussi en répondant à sa vocation et en y engageant sa propre vie comme en témoignent, dans ce numéro de l’Aquitaine,  les personnes consacrées qui étaient à Verdelais le 28 mail et les futurs diacres qui seront ordonnés le 24 juin.
- Il nous faut enfin prier pour que les hommes choisissent la vie. Comme nous y invite saint Paul « Je veux donc avant tout, que l’on fasse des prières, des supplications, (…) pour tous les hommes, (…) pour ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute piété et dignité 6».

Prier pour ceux qui, par choix ou par ignorance, se sont engagés, ou ont engagé d’autres personnes, sur des chemins mortifères. Afin qu’ils trouvent sur leur route la lumière et la miséricorde du Seigneur. 
Prier aussi pour nos dirigeants afin que le Seigneur les inspire dans leurs choix de société pour qu’ils engagent nos compatriotes à respecter la dignité humaine dans toutes ses dimensions personnelle, familiale et sociale.
 N’ayons pas peur de vivre notre foi et d’en témoigner même si le monde ne va pas bien. N’oublions jamais ce que Jésus nous a dit : « En ce monde, vous faites l’expérience de l’adversité, mais soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde7 ».


+ Laurent Dognin
Evêque auxiliaire de Bordeaux

1-    Mt 19, 4-6
2-    Mt 25, 35-40
3-    Caritas in Veritate n°48
4-    4- 1 P 3,15-16
5-    christifideles laici (§42)
6-    1 Tm 2, 1-2
7-    Jn 16,33

La pastorale des personnes handicapées organise une journée

Dimanche 1er juillet (St Thierry)
Journée d’été de 10h00-16h00 à la PPH
222 rue de Pessac 33000 BORDEAUX
(Parking 6 rue de Ségur)
Un temps convivial afin de croiser nos expériences
d’équipes autour d’un repas partagé (participation 5 €)

Bulletin d'inscription ici

Homélie de Benoit XVI pour la rencontre mondiale des familles à Milan le 3 juin 2012

Homélie de Benoît XVI:
Vénérés Frères, Éminentes Autorités, Chers frères et sœurs,
C’est un moment fort de joie et de communion que nous vivons ce matin, en célébrant le sacrifice eucharistique ; une grande assemblée, réunie avec le Successeur de Pierre, constituée de fidèles provenant de nombreuses nations. Elle offre une image expressive de l’Église, une et universelle, fondée par le Christ et fruit de cette mission, que Jésus, comme nous l’avons entendu dans l’Évangile, a confiée à ses Apôtres : aller et faire de tous les peuples des disciples, « les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » (Mt 28, 18-19). Je salue avec affection et reconnaissance le Cardinal Angelo Scola, Archevêque de Milan, et le Cardinal Ennio Antonelli, Président du Conseil pontifical pour la Famille, principaux artisans de cette VIIème Rencontre mondiale des Familles, ainsi que leurs collaborateurs, les Évêques auxiliaires de Milan et les autres Prélats. Je suis heureux de saluer toutes les Autorités présentes. Et aujourd’hui, toute mon affection va surtout à vous, chères familles ! Merci de votre participation !
Dans la deuxième Lecture, l’Apôtre Paul nous a rappelé qu’au Baptême nous avons reçu l’Esprit Saint, qui nous unit au Christ en tant que frères et nous met en relation avec le Père en tant qu’enfants, de sorte que nous pouvons crier : « Abbà Père ! » (cf. Rm 8, 15.17). En cet instant, il nous a été donné un germe de vie nouvelle, divine, pour le faire grandir jusqu’à son accomplissement définitif dans la gloire céleste ; nous sommes devenus membres de l’Église, la famille de Dieu, « sacrarium Trinitatis » - ainsi la définit saint Ambroise -, « peuple qui – comme l’enseigne le Concile Vatican II – tire son unité de l’unité du Père et du Fils et de l’Esprit Saint » (Const. Lumen gentium, 4). La solennité liturgique de la Sainte Trinité, que nous célébrons aujourd’hui, nous invite à contempler ce mystère, mais elle nous pousse aussi à nous engager à vivre la communion avec Dieu et entre nous sur le modèle de la communion trinitaire. Nous sommes appelés à accueillir et à transmettre d’un commun accord les vérités de la foi ; à vivre l’amour réciproque et envers tous, en partageant joies et souffrances, en apprenant à demander et à accorder le pardon, en valorisant les différents charismes sous la conduite des pasteurs. En un mot, nous est confiée la tâche d’édifier des communautés ecclésiales qui soient toujours plus famille, capables de refléter la beauté de la Trinité et d’évangéliser non seulement par la parole mais, je dirais même, par « irradiation », par la force de l’amour vécu.
Ce n’est pas seulement l’Église qui est appelée à être image du Dieu unique en trois Personnes, mais aussi la famille, fondée sur le mariage entre l’homme et la femme. Au commencement, en effet, « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : "Soyez féconds, et multipliez-vous" » (Gn 1, 27-28). Dieu a créé l’être humain mâle et femelle, avec une même dignité, mais aussi avec des caractéristiques propres et complémentaires, pour que les deux soient un don l’un pour l’autre, se mettent en valeur réciproquement et réalisent une communauté d’amour et de vie. L’amour est ce qui fait de la personne humaine l’image authentique de Dieu. Chers époux, en vivant le mariage, vous ne vous donnez pas quelque chose ou quelque activité, mais la vie entière. Et votre amour est fécond avant tout pour vous-mêmes, parce que vous désirez et vous réalisez le bien l’un de l’autre, expérimentant la joie de recevoir et de donner. Il est aussi fécond dans la procréation, généreuse et responsable, des enfants, dans l’attention prévenante pour eux et dans leur éducation attentive et sage. Il est fécond enfin pour la société, car votre vécu familial est la première et irremplaçable école des vertus sociales telles que le respect des personnes, la gratuité, la confiance, la responsabilité, la solidarité, la coopération. Chers époux, prenez soin de vos enfants et, dans un monde dominé par la technique, transmettez-leur, avec sérénité et confiance, les raisons de vivre, la force de la foi, en leur proposant des objectifs élevés et en les soutenant dans leurs fragilités. Mais vous aussi les enfants, sachez maintenir sans cesse une relation de profonde affection et d’attention prévenante à l’égard de vos parents, et que les relations entre frères et sœurs soient aussi des occasions de grandir dans l’amour.
Le projet de Dieu sur le couple humain trouve sa plénitude en Jésus-Christ qui a élevé le mariage au rang de sacrement. Chers époux, par un don spécial de l’Esprit Saint, le Christ vous fait participer à son amour sponsal, en faisant de vous le signe de son amour pour l’Église : un amour fidèle et total. Si vous savez accueillir ce don, en renouvelant chaque jour, avec foi, votre « oui », avec la force qui vient de la grâce du Sacrement, votre famille aussi vivra de l’amour de Dieu, sur le modèle de la Sainte Famille de Nazareth. Chères familles, demandez souvent, dans la prière, l’aide de la Vierge Marie et de saint Joseph, pour qu’ils vous apprennent à accueillir l’amour de Dieu comme ils l’ont accueilli. Votre vocation n’est pas facile à vivre, spécialement aujourd’hui, mais celle de l’amour est une réalité merveilleuse, elle est l’unique force qui peut vraiment transformer le monde. Devant vous vous avez le témoignage de nombreuses familles qui vous indiquent les voies pour grandir dans l’amour : maintenir une relation constante avec Dieu et participer à la vie ecclésiale, entretenir le dialogue, respecter le point de vue de l’autre, être prêts à servir, être patients avec les défauts des autres, savoir pardonner et demander pardon, surmonter avec intelligence et humilité les conflits éventuels, s’accorder sur les orientations éducatives, être ouverts aux autres familles, attentifs aux pauvres, responsables dans la société civile. Ce sont tous des éléments qui construisent la famille. Vivez-les avec courage, certains que, dans la mesure où avec le soutien de la grâce divine, vous vivrez l’amour réciproque et envers tous, vous deviendrez un Évangile vivant, une véritable Église domestique (cf. Exhort. apost. Familiaris consortio, 49). Je voudrais aussi réserver un mot aux fidèles qui, tout en partageant les enseignements de l’Église sur la famille, sont marqués par des expériences douloureuses d’échec et de séparation. Sachez que le Pape et l’Église vous soutiennent dans votre peine. Je vous encourage à rester unis à vos communautés, tout en souhaitant que les diocèses prennent des initiatives d’accueil et de proximité adéquates.
Dans le livre de la Genèse, Dieu confie au couple humain sa création pour qu’il la garde, la cultive, la conduise selon son projet (cf. 1, 27-28 ; 2, 15). Dans cette indication, nous pouvons lire la tâche de l’homme et de la femme de collaborer avec Dieu pour transformer le monde, par le travail, la science et la technique. L’homme et la femme sont images de Dieu aussi dans cette œuvre précieuse qu’ils doivent accomplir avec le même amour que le Créateur. Nous voyons que, dans les théories économiques modernes, prédomine souvent une conception utilitariste du travail, de la production et du marché. Le projet de Dieu et l’expérience elle-même montrent cependant que ce n’est pas la logique unilatérale du bénéfice personnel et du profit maximum qui peut contribuer à un développement harmonieux, au bien de la famille et à l’édification d’une société plus juste, car cette logique comporte une concurrence exaspérée, de fortes inégalités, la dégradation de l’environnement, la course aux biens de consommation, la gêne dans les familles. Bien plus, la mentalité utilitariste tend à s’étendre aussi aux relations interpersonnelles et familiales, en les réduisant à de précaires convergences d’intérêts individuels et en minant la solidité du tissu social.
Un dernier élément. L’homme, en tant qu’image de Dieu, est appelé aussi au repos et à la fête. Le récit de la création se termine par ces paroles : « Le septième jour, Dieu avait achevé l'œuvre qu'il avait faite. Il se reposa le septième jour, de toute l'œuvre qu'il avait faite. Et Dieu bénit le septième jour : il en fit un jour sacré » (Gn 2, 2-3). Pour nous chrétiens, le jour de fête c’est le dimanche, jour du Seigneur, Pâque hebdomadaire. C’est le jour de l’Église, assemblée convoquée par le Seigneur autour de la table de la Parole et du Sacrifice eucharistique, comme nous sommes en train de le faire aujourd’hui, pour nous nourrir de Lui, entrer dans son amour et vivre de son amour. C’est le jour de l’homme et de ses valeurs : convivialité, amitié, solidarité, culture, contact avec la nature, jeu, sport. C’est le jour de la famille, au cours duquel nous devons vivre ensemble le sens de la fête, de la rencontre, du partage, en participant aussi à la Messe. Chères familles, même dans les rythmes serrés de notre époque, ne perdez pas le sens du jour du Seigneur ! Il est comme l’oasis où s’arrêter pour goûter la joie de la rencontre et étancher notre soif de Dieu.
Famille, travail, fête : trois dons de Dieu, trois dimensions de notre existence qui doivent trouver un équilibre harmonieux. Harmoniser les temps de travail et les exigences de la famille, la profession et la maternité, le travail et la fête, est important pour construire des sociétés au visage humain. En cela, privilégiez toujours la logique de l’être par rapport à celle de l’avoir : la première construit, la deuxième finit par détruire. Il faut s’éduquer à croire, avant tout en famille, dans l’amour authentique, qui vient de Dieu et qui nous unit à lui et pour cela justement « nous transforme en un Nous, qui surpasse nos divisions et qui nous fait devenir un, jusqu’à ce que, à la fin, Dieu soit "tout en tous" » (1 Co 15, 28) » (Enc. Deus caritas est, 18). Amen.