Cet événement par lequel l'Église veut soutenir, promouvoir et fêter la famille a lieu dans un contexte particulier en France après des mois de campagne électorale où les candidats ont défendu des points de vue très contrastés sur l’avenir du couple, du mariage, de la famille. L’institution du mariage est de plus en plus mise au pluriel. On parle « des mariages » pour évoquer toutes les formes de vie commune. Les enfants ne sont pas en reste avec les projets de diverses formes d’adoption.
Comme chrétiens, nous sommes bien obligés de constater que, d’années en années, l’opinion publique et, par voie de conséquence les lois de la République concernant les modes de vie des français, s’écartent de plus en plus de ce que le Seigneur nous a révélé. Les nouvelles conceptions de la famille s’ajoutent à tout ce qui concerne le respect de la vie humaine qui était déjà mis à mal depuis des décennies.
Quand nous parlons du respect de la vie, nous pensons bien sûr au respect de la dignité humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, que ce soit dans la vie conjugale, familiale, mais également dans la médecine et la recherche.
Nous pensons à la cellule familiale fondée sur un homme et une femme qui se donnent l’un à l’autre pour devenir « une seule chair » comme nous le rappelle Jésus : « l'homme quittera son père et sa mère, il s'attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu'un. A cause de cela, ils ne sont plus deux, mais un seul. Donc, ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas ! 1». Nous savons à quel point la famille est un lieu de fécondité et d’amour où les enfants doivent trouver les conditions de leur épanouissement humain et spirituel.
Nous pensons également au respect de l’être humain dans ses conditions de vie, de travail, de logement. Comme Jésus le dit avec force : « j'avais faim, et vous m'avez donné à manger ; j'avais soif, et vous m'avez donné à boire ; j'étais un étranger, et vous m'avez accueilli ; j'étais nu, et vous m'avez habillé ; j'étais malade, et vous m'avez visité ; j'étais en prison, et vous êtes venus jusqu'à moi ! (…) Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces petits qui sont mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.2 »
Nous pensons enfin au respect de l’environnement comme nous y invite le pape Benoît XVI dans son encyclique Caritas in Veritate quand il évoque l’environnement naturel « qui a été donné à tous par Dieu et [dont l’] usage représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière.3 »
Dire oui à la vie, c’est dire oui à tout cela. C’est cette vie là que nous voulons promouvoir car nous croyons qu’elle est dans le dessein de Dieu et qu’elle conduit au vrai bonheur de l’homme, celui de vivre en communion avec Dieu.
Comment peut-on réagir face à ce fossé qui se creuse inexorablement entre ce que le Seigneur nous révèle et notre vie sociale ?
- D’abord il nous faut être fidèle et continuer à grandir en sainteté. Si nous reprochons à la société de s’écarter de l’Évangile, il faut bien reconnaître aussi que nous avons besoin nous-mêmes de nous convertir pour que nous soyons fidèles à l’Évangile. Si nous disons oui à la vie, notre existence, celle de notre couple, de notre famille, sera un témoignage pour les hommes de ce temps. L’opinion publique passe aussi par nous, notre manière d’être.
- Dire oui à la vie, c’est annoncer la Bonne Nouvelle. Comme nous le dit saint Pierre « soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte. Mais que ce soit avec douceur et respect… 4»
- Dire oui à la vie, c’est aussi nous engager comme nous y invitait le bienheureux pape Jean-Paul II : « …les fidèles laïcs ne peuvent absolument pas renoncer à la participation à la politique, à savoir à l’action multiforme, économique, sociale, législative, administrative, culturelle, qui a pour but de promouvoir, organiquement et par les institutions, le bien commun5 ». S’engager notamment dans des associations qui promeuvent « l’Évangile de la vie », mais aussi en répondant à sa vocation et en y engageant sa propre vie comme en témoignent, dans ce numéro de l’Aquitaine, les personnes consacrées qui étaient à Verdelais le 28 mail et les futurs diacres qui seront ordonnés le 24 juin.
- Il nous faut enfin prier pour que les hommes choisissent la vie. Comme nous y invite saint Paul « Je veux donc avant tout, que l’on fasse des prières, des supplications, (…) pour tous les hommes, (…) pour ceux qui détiennent l’autorité, afin que nous menions une vie calme et paisible en toute piété et dignité 6».
Prier pour ceux qui, par choix ou par ignorance, se sont engagés, ou ont engagé d’autres personnes, sur des chemins mortifères. Afin qu’ils trouvent sur leur route la lumière et la miséricorde du Seigneur.
Prier aussi pour nos dirigeants afin que le Seigneur les inspire dans leurs choix de société pour qu’ils engagent nos compatriotes à respecter la dignité humaine dans toutes ses dimensions personnelle, familiale et sociale.
N’ayons pas peur de vivre notre foi et d’en témoigner même si le monde ne va pas bien. N’oublions jamais ce que Jésus nous a dit : « En ce monde, vous faites l’expérience de l’adversité, mais soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde7 ».
+ Laurent Dognin
Evêque auxiliaire de Bordeaux
Evêque auxiliaire de Bordeaux
1- Mt 19, 4-6
2- Mt 25, 35-40
3- Caritas in Veritate n°48
4- 4- 1 P 3,15-16
5- christifideles laici (§42)
6- 1 Tm 2, 1-2
7- Jn 16,33
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